Bien que ce soit très souvent le cas, les femmes et les hommes qui appellent NOA OSER LE DIRE ne sont pas tous victimes de pervers narcissiques, mais aussi de situations précaires dans les foyers pouvant mener à des conflits violents et insupportables, d’accidents de santé, de perte de travail, de logement, de dépendances (à l’alcool, aux jeux, aux drogues) et bien sûr de pathologies psychiques.
Dans la majorité des cas, les victimes se sont renfermées dans un silence vis-à-vis de leur famille et entourage proche. La honte, la culpabilité, la peur de l’inconnu, la peur de perdre ses enfants, de rester sans ressources financières, et dans notre communauté, parfois aussi, la peur d’être rejeté par son entourage sont des freins puissants.
Dans le cas des victimes de pervers narcissiques, l’appelant prendra beaucoup de temps avant de prendre conscience de sa situation. En appelant NOA OSER LE DIRE, ces personnes s’entendent exprimer leur souffrance, puis la réentendent exprimée par l’écoutante qui va reformuler leurs dires et ce qu’elles sont en train de subir. Cet acte d’appel courageux brise leur isolement et va leur faire prendre conscience que quelqu’un les comprend, et ne doute pas de leur témoignage. Cet espace-temps leur est dédié, à leur rythme. Elles sont accueillies avec bienveillance et aucun jugement.
Généralement, la victime sous-estime la situation grave dans laquelle elle se trouve. Sa caractéristique est qu’elle se sent coupable de sa situation. Elle minimise le degré de sa souffrance. Elle est persuadée de ne pas pouvoir s’en sortir étant dépendante affectivement ou financièrement ou les deux. Elle ne voit pas d’issue à sa situation, et s’en accommode comme elle peut.
Quand il s’agit de cas de violences très graves (mise à la rue, coups et blessures…) la victime qui vient de subir un tel événement, parfois devant témoins (les enfants par exemple), se rend compte que la situation n’est plus tenable, et elle ose franchir le pas afin de trouver secours en appelante NOA OSER LE DIRE. Il arrive que la situation soit si grave que des proches de la victime appellent, mais malheureusement elle seule peut prendre la décision courageuse de briser ce silence.
Notre rôle est de soutenir l’appelante, bien sûr, et en lui apportant une écoute attentive et bienveillante qu’elle n’a pas. On lui explique qu’elle n’est plus seule, ni la seule à passer par là. C’est une première reconnaissance dans un processus de reconstruction difficile.
Il existe des solutions pour s’en sortir, stopper une situation qui permettra aux enfants, s’il y en a, de ne pas grandir dans un climat menaçant qui les exclut à leur tour d’une vie sociale, et les mène dans de nombreux cas à de grandes difficultés scolaires. Il est toujours temps de briser une chaine de violence qui ne se répètera pas pour eux. Parfois la victime accepte de s’en sortir pour ses enfants, si ce n’est pour elle.
Le plus souvent les appels sont anonymes. La personne peut appeler le nombre de fois qu’il lui faudra. Elle pourra avoir les coordonnées de toutes les structures d’aide de notre communauté.
C’est un acte extrêmement difficile de témoigner même anonymement. Une chose est sûre, aucune personne ne mérite qu’on lui vole sa vie, sa liberté de réfléchir, de dire, de transmette, d’agir, de construire, et d’être simplement soi.